Sœurs de cœur

Les voyages sont un moyen de découvrir d’autres cultures, d’autres horizons, d’aller à la rencontre des autres et de réaliser que, malgré nos différences, nous sommes tous de la même race : la race humaine. C’est cela que les brancardiers, venus soigner les blessés sur les champs de bataille lors de la première guerre mondiale, souhaitaient faire comprendre à la jeunesse de l’époque afin que, plus jamais, de telles atrocités ne puissent se reproduire. C’est ainsi que fut créée la structure associative AFS (American Field Service) permettant les échanges entre jeunes du monde entier. Nous savons, hélas, que ces vœux pieux n’ont pas été et ne seront jamais suffisants pour empêcher les guerres et les conflits fomentés par ceux que la soif de pouvoir rend fous. Les peuples sont rarement belliqueux, ce sont leurs chefs qui le sont…
Mais la devise d’AFS, « Vivre sans frontière », a conquis mon cœur d’adolescente et c’est ainsi qu’en 1976, juste après mon BAC, j’ai postulé afin de partir vivre un an aux Etats-Unis. Le programme d’échange prévoyait une « immersion » dans une famille ainsi qu’une école du pays d’accueil afin d’en découvrir le mode de vie et d’éducation et, en retour, de participer à des rencontres/conférences pour parler de notre propre culture. Nous étions près de deux mille jeunes du monde entier, je crois, cette année-là, à venir aux USA, tous réunis pour un magique et court week-end à l’université de Long Island avant de nous séparer pour rejoindre, chacun, la famille qui nous avait été attribuée. Pour ma part, c’est à Saint-Louis, Missouri que j’ai atterri. Dès mon arrivée, j’ai été, non pas accueillie, mais littéralement adoptée par cette si généreuse et chaleureuse famille de deux enfants dont une fille, d’un an ma cadette : Sioux.
Très vite, Sioux est devenue bien plus qu’une amie : une véritable sœur. Quarante-huit ans après, nous sommes toujours aussi proches, de cœur et d’esprit.
Sioux, enseignante en littérature, est également écrivaine et a écrit un livre, magnifique et bouleversant, destiné à un public de jeunes lecteurs (9-12 ans) qui raconte un événement tragique de l’histoire noire américaine : le massacre de Tulsa, survenu en 1921. Le narrateur est un enfant de 12 ans et c’est à travers son regard, à la fois candide et terriblement mature, que le lecteur va revivre les derniers jours du quartier de Greenwood. Par ce biais, Sioux atteint ici, avec finesse, intelligence et tact, un double but : celui d’amener un jeune public à prendre conscience de faits longtemps tus ou cachés et d’offrir aux lecteurs, sans limite d’âge, un récit bouleversant et captivant : Greenwood gone : Henri’s story

C’est en transmettant à nos enfants le goût de la découverte, le besoin de comprendre, la nécessité de la remise en question, que nous pouvons, chacun à notre niveau, lutter contre l’obscurantisme, en apportant un peu de lumière dans ce monde qui semble s’éteindre.
Il est grand temps de rallumer les étoiles, comme le disait Guillaume Appolinaire…

Publié par Virginie Desplain

Virginie Desplain Auteure, parolière et copiste des partitions musicales du compositeur Daniel Brel

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